Il faudra s'habituer à cet acronyme : UGC, pour User Generated Content, une tendance qui monte en puissance : des contenus de formation produits par les utilisateurs (rien à voir avec les salles de cinéma, même s'il est question de vidéo)… Tout le monde, y compris les services formation, va y gagner !
Contenus générés par les utilisateurs ? On sous-entend des utilisateurs qui ne sont des professionnels de formation. Pour simplifier : ceux-ci n'ont plus la quasi exclusivité de la conception / production de ressources pédagogiques.
Ce déplacement ressemble beaucoup à celui qui s'est opéré, par exemple, dans domaine du journalisme : le Web 2.0 et ses plateformes de blogging ont généré des prises de parole / d'écriture qui ont rapidement concurrencé la presse installée. Laquelle ne s'en est pas vraiment remise malgré sa transformation numérique (et son accueil de blogs tenus par des influenceurs) : elle est toujours à la recherche de l'introuvable modèle économique.
L'UGC n'est évidemment pas une perte d'exclusivité sur le savoir, car celui-ci a toujours été la chose la mieux partagée du monde. La preuve dans les entreprises où les formateurs sont "occasionnels", entendre par là des experts qui consacrent un peu de leur temps, à côté de leur mission principale, à transmettre leur savoir. Quand le concepteur intervient dans la conception d'un cours ou d'une séquence de formation à distance, c'est souvent pour aider l'expert à médiatiser cette transmission.
L'UGC porterait-elle donc un coup au rôle que la formation peut jouer dans cette exclusivité de médiatisation des savoirs émanant du terrain ? Oui et non.
Oui, parce que l'expert de terrain ne dépend plus du concepteur pour donner une première forme à ses savoirs : les fonctionnalités de capture vidéo et les apps de montage disponibles sur son smartphone y pourvoient largement. En même temps, si elles sont souvent convaincantes pour les apprenants (car issues de leurs pairs), ces séquences peuvent vite révéler leurs limites, et lasser par trop d'amateurisme ou de ressemblance entre elles. Par ailleurs une telle séquence ne fait pas un parcours de formation, qui ne saurait s'identifier en retour à une simple collection de capsules vidéo…
Non, pour ces mêmes raisons. Le concepteur ou le formateur est légitime dans la guidance qu'il va offrir aux experts de terrain, dans la conception des capsules vidéo et dans leur usage au sein d'un parcours de formation cohérent, ce qui n'empêchera les utilisateurs de pouvoir utiliser aussi ces capsules ponctuellement au quotidien en guise de piqûre de rappel.
Cette guidance est essentielle, mais la mission du responsable formation va bien au-delà. Il lui appartient de surcroît - c'est le coeur de sa mission - de veiller au plus large partage de ces nouvelles ressources, à la promotion des meilleures, au nourrissement d'un flux de création qui permette à ces ressources de synchroniser toujours plus étroitement la formation aux métiers et aux attentes des collaborateurs. Ajouter à cela, qu'il pourrait ainsi disposer du temps pour jouer son rôle dans le transfert des compétences en situation de travail…
A y regarder de près, cette tendance au User Generated Content est décidément une bonne affaire pour tous, le service formation y compris pour échapper en partie au goulet d'étranglement de la prodution de contenus e-learning et se consacrer à des priorités plus pressantes !
Michel Diaz
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